Ci-dessous, nous reproduisons in extenso et sans aucune modification le texte de l’article de M. Chaouite. Nos remarques et commentaires apparaissent en italique et en marron, tandis que les différentes sections du texte original sont entre guillemets.
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Titre : « Non, la 5G ne tue pas les oiseaux et n’est pas derrière l’épidémie de coronavirus »
« On ne connaît encore ni tout son potentiel, ni la complète étendue de ses effets. » D’emblée, la première phrase contient une contradiction logique du titre, lequel témoigne d’une assurance et d’une certitude que l’état de la science ne permet pas actuellement. « La 5G fait pourtant déjà couler beaucoup d’encre. » Sous-entendu, il faudrait attendre pour s’inquiéter… mais est-ce qu’on attend pour déployer un réseau d’émetteurs ? « Pour y voir plus clair, nous avons tenté de démêler le vrai du faux. » Comme vous le verrez on va surtout démêler le faux du faux…
« Aucun lien avec le coronavirus«
C’est étonnant de voir comment les pourfendeurs des fake news commettent systématiquement l’erreur de ceux qu’ils dénoncent. L’absence de preuve suffisante pour établir un fait « A » (ici, A = « il y a un lien entre 5G et déclenchement d’une épidémie ») n’est en rien une preuve logique de « non-A » (« il n’existe aucun lien etc. »).
« Forcément, il fallait bien trouver un coupable à la terrible pandémie que nous traversons actuellement. » L’auteur annonce la couleur : tout ceci relèverait d’une de ces habituelles théories du complot (les gens sont crédules et irrationnels, n’est-ce pas ?) « Une théorie relatée par un certain Thomas Cowan, qui se dit médecin, » Plutôt que de semer le doute, comme les complotistes qu’il dénonce, l’auteur aurait pu vérifier l’information (une des bases du journalisme) : a-t-il des raisons de penser que M. Cowan n’est pas médecin ? Je n’en ai pas trouvées personnellement. « veut que la 5G soit responsable du Coronavirus. L’idée se base sur le fait que la ville de Wuhan, d’où est partie l’épidémie en Chine, est l’une des premières a avoir été équipée d’antennes 5G. De là, plusieurs interprétations découlent. Certains disent que le virus aurait directement été créé par les radiations des antennes, qui viendraient infecter notre appareil respiratoire. D’autres, plus perverses, soutiennent que le virus n’est qu’un moyen utilisé par les gouvernements du monde pour camoufler le déploiement de la 5G, pour nous tuer à petit feu ou nous contrôler tous. On trouve aussi plusieurs discours qui font fi de toute rationalité et qui affirment que c’est Dieu qui aurait confirmé à quelques adeptes le lien entre la 5G et le Coronavirus, laissant bien évidemment aux élus touchés par la grâce le soin d’apporter des preuves de ces propos. » L’auteur omet astucieusement de mentionner une hypothèse bien plus rationnelle du lien entre 5G et épidémie. Cette hypothèse est résumée par le Prof. Martin Pall, de l’université de l’État de Washington, comme suit : « Cinq effets produits à la suite d’expositions aux CEM ont des rôles importants dans la cause des infections à coronavirus, notamment la libération de nouveaux virions (…), l’excès de calcium intracellulaire, le stress oxydatif, (…) l’inflammation et l’apoptose. La cause prédominante de décès de l’épidémie de coronavirus serait la pneumonie (…) également exacerbée par ces mêmes cinq effets » « Toutes ces théories du complot, plus ou moins alarmistes, circulent surtout par les réseaux sociaux. Certains groupes sur Facebook comptent plusieurs dizaines de milliers de followers et jouent sur la peur des gens pour les faire adhérer à leur cause. » Leur cause étant, pour rappel : refuser le déploiement d’un réseau planétaire qui changera à jamais notre organisation socio-économique alors qu’on n’est pas certain de ses effets biologiques et sans véritable débat démocratique. « Le plus inquiétant, c’est toutefois que des groupes s’opposant au déploiement de la 5G comme le groupe “#stop5G”, qui comptabilise plus de 37.000 followers, relayent abondamment ces fakes news » Ah, voici LE premier mot magique, qui permet de répudier un adversaire avec autorité, sans avoir soi-même à apporter la moindre preuve de ses allégations, oubliant au passage que la science ne produit aucune certitude définitive. Notez l’amalgame insidieux entre un groupe d’opposants à la 5G et des théories complètement loufoques (révélation divine…) « sur les réseaux sociaux. »
« Plusieurs faits indiquent pourtant qu’il n’y a pas de corrélation directe entre le Coronavirus et la 5G. D’abord, Wuhan n’est pas la première ville du monde qui a reçu des antennes 5G. Un réseau 5G a été déployé aux États-Unis bien avant, tout comme en Corée du Sud, dès avril 2019. » Cet argument ne porte que contre ceux qui adoptent la thèse maximaliste selon laquelle le virus aurait été « créé » par la 5G. Ce n’est évidemment pas la thèse la plus probable, même si plusieurs études montrent des possibles altérations de l’ADN, ce qui pourrait modifier le matériel génétique d’un virus circulant dans l’air, donc exposé aux ondes pendant un temps non négligeable. Par ailleurs, Wuhan semble bien être l’une des zones les plus fortement équipées, tout en étant extrêmement peuplée et très polluée. Il n’y a rien d’irrationnel dans le fait d’envisager (je ne dis pas d’affirmer avec certitude) que cette combinaison de facteurs ait pu jour un rôle dans l’épidémie. « Il va s’en dire qu’à l’époque, aucun cas de Coronavirus n’avait été détecté. Ensuite, la majorité des scientifiques, sans avoir forcément de liens entre eux, s’accordent à dire que la souche du virus est très probablement d’origine animale et que les humains en souffrent car il s’agit d’une nouvelle forme d’infection pour laquelle l’organisme n’a pas de défense immunitaire adaptée pour l’instant . » Ceci ne contredit en rien la thèse d’un affaiblissement des défenses immunitaires et par la 5G.
« Un information moins relatée mais pourtant vitale en temps de crise sanitaire, c’est que les communications 5G sont bien utiles dans le domaine médical. » Aucune preuve n’est donnée de cette allégation, qui correspond surtout au marketing de l’industrie digitale « Elle pourraient » (« pourraient », cela n’est donc pas le cas jusqu’ici ?) « en effet d’harmoniser des diagnostics médicaux et faciliter les téléconsultations, tout comme les communications entre les différents hôpitaux et centres de santé. Dans la région de Wuhan, ZTE a mis en place plusieurs infrastructures en ce sens, et les premiers tests se sont montrés concluants. » Que le journaliste aille donc au bout de cette logique : le déploiement de la 5G permettra un traçage complet et une surveillance constante des citoyens, avec ou sans leur consentement, ce qui est déjà le cas en Chine, et un traitement diagnostic de leurs paramètres biométrique, c’est sûr que cela sauvera quelques vies, mais il me semble légitime de désirer un autre avenir que cette utopie moisie.
« Les théories du complot«
Le deuxième mot magique…
« Même si le Coronavirus fait invariablement la Une de tous les médias à l’heure actuelle, la 5G est malmenée » (la pauvre 5G…) « par ses détracteurs depuis plusieurs années. Voici une petite liste de quelques théories du complot que nous avons compilé pour vous : » Spoiler: cette liste ne contient qu’une poignée de cas particuliers destinés à ridiculiser l’adversaire, tout en omettant de mentionner les nombreuses études sérieuses publiées à charge des ondes.
(A) « Les plus de 300 oiseaux mystérieusement morts aux Pays-Bas en 2018 ont été irradiés par des tests de 5G. » Pour l’information de M. Chaouite, un rapport publié par l’UNESCO et l’IUCN détaille l’effet négatif d’une tour de télécommunication sur 27 espèces d’oiseaux et sur la biodiversité en général, dans un parc naturel d’Océanie : à lire ici. « L’intox » (ah oui, il y avait encore celui-là !) « a été relayée sur Facebook par un certain John Kuhles, qui affirmait que les ondes étaient néfastes. Après que la municipalité du parc où ont été retrouvés les volatiles sans vie a précisé qu’il n’y avait jamais eu de tests effectués à cet endroit, Kuhles est finalement revenu sur ses paroles en précisant qu’il n’émettait qu’une « hypothèse » et qu’il ne confirmait rien. Problème, ses propos ont entre temps circulé très largement sur Facebook, semant ainsi la confusion dans l’esprit de plusieurs internautes. » Donc, l’auteur admet que le fait est réel. A-t-il vérifié les allégations de la municipalité ? A-t-on des preuves de l’absence de lien avec la 5G ? Bref, nous avons là deux hypothèses contradictoires, dont ni l’une ni l’autre n’est démontrée. Alors par quel miracle ce qui est une « théorie du complot » dans la bouche des opposants à la 5G devient de la rigueur journalistique sous la plume de ses défenseurs ?
(B)« Les Américains veulent contrôler la météo avec la 5G. » Je passe cette section, sans rapport avec le sujet : mettre en exergue des théories absurdes pour illustrer le propos et défendre la 5G, cela relève au minimum d’un manque de considération pour les chercheurs et citoyens qui exercent leur devoir de vigilance. « Certains disent que via un réseau de satellites interconnectés, les Américains veulent contrôler la météo en utilisant des ondes 5G pour influer sur les prévisions. C’est un peu un réchauffé des théories du complot qui entouraient déjà le projet gouvernemental HAARP à l’époque. Ce dernier a été mis en place en Alaska en 2007, pour étudier l’ionosphère, une partie de l’atmosphère située très approximativement entre 60 et 1 000 km d’altitude (certains scientifiques estiment qu’elle se situe plutôt entre 50 et 500 km). Le programme a officiellement fermé ses portes en 2014, puis une partie de ses recherches a été transférée à l’Université d’Alaska. Des chercheurs pensent qu’il serait théoriquement possible de déclencher des perturbations grâce à des satellites, mais dans les faits, le gouvernement US ne peut pas simplement décider d’abattre une tempête chez ses ennemis.
(C) « Les arbres meurent à cause de la 5G. » Ce qui est vrai ou faux dans tel cas particulier (comme celui développé ci-après par l’auteur) ne l’est pas en général… c’est un bel exemple de faux raisonnement ou syllogisme. D’autant qu’une étude scientifique a montré que les arbres situés à proximité d’une base GSM allemande présentaient des dégâts foliaires significativement plus prononcés sur les parties exposées aux ondes, lire cette étude ici.) « L’histoire prend place en Angleterre, à Gateshead, où des riverains ont commencé à colporter toutes sortes de rumeurs alarmantes à cause des nouveaux lampadaires à LED qui ont été installées dans les rues. Lampadaires qui, selon les rumeurs, seraient bourrées d’antennes 5G, tueraient les arbres, provoqueraient des maladies etc. La municipalité a par la suite expliquée que non, elle n’avait jamais employé de technologie 5G, et que les éclairages publics étaient simplement équipés d’un petit émetteur 2G/3G classique pour les commander à distance et faire varier l’intensité de la lumière. » Le journaliste connaît-il la cause des faits observés ? Et si c’est bien la 2G/3G, est-ce vraiment une bonne nouvelle pour la 5G ? Ne s’agit-il pas d’ondes de même nature ? « De son côté, l’OMS estime qu’il n’y a pour l’instant aucune preuve tangible d’effets nocifs dus à l’exposition à des fréquences radio. » C’est vrai mais encore une fois, il n’y a pas non plus de preuve du contraire. Par ailleurs, il existe un doute scientifique sur les normes appliquées par les organisations de contrôle internationales.
Pour l’information de l’auteur est de tous les pourfendeurs de fake news, il existe des dizaines d’études ou rapports scientifiques qui indiquent une probable corrélation entre exposition aux ondes électro-magnétiques et de multiples pathologies, notamment perte de fertilité, désordre hormonal, maladies neurodégénératives, cancer, troubles de l’attention, tant sur les humains que sur les animaux et les plantes… Ces études sont listées dans un document de synthèse du Prof. M. Pall, accessible ici. Si il n’existe pas de preuve irréfutable de la nocivité à long terme des ondes électro-magnétiques, il n’y a pas davantage de démonstration définitive de leur innocuité. Et tout cela s’ajoute aux effets produits par l’exposition permanente et l’addiction aux écrans et contenus numériques (11h30 d’exposition journalière moyenne par Américain selon une étude de 2019).