Nature, limites et pandémies : la colère d’Artémis

La déesse de la chasse et des forêts vierges aime à décocher la flèche empoisonnée des épidémies contre ceux qui ignorent ou transgressent les limites entre la cité et l’espace sauvage. L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais elle n’est pour nous que le début d’une enquête au long cours, qui vise à décrire l’efficace des modes de pensée non modernes pour restaurer la possibilité d’habiter des mondes…

Parmi les réflexions qui courent en ces temps de pandémie, il en est une qui suggère que la destruction des écosystèmes naturels, la dégradation de la biodiversité et la perturbation des échanges et interactions entre zones naturelles et zones anthropisées, favorisent l’émergence incontrôlable de nouveaux virus chez les humains. Cette hypothèse est basée sur une science écologique robuste et documentée (résumée notamment dans ce rapport du WWF). Cependant, ce n’est pas l’objet premier de cette petite contribution. C’est en effet sur un autre chemin que nous a conduit le lien entre pandémie et composition des espaces anthropiques et sauvages. Un chemin qui nous mène, une fois encore, à l’aube de la Grèce archaïque. Il nous conduira à questionner une notion fréquemment agitée en ces temps de péril écologique, celui de « limite ». Nous tâcherons d’entrevoir comment une déesse oubliée pourrait rendre un peu de son efficace à cette notion…

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