Arnaquer un Indien en 5 étapes

Dans leurs défaites comme dans leurs combats, les peuples de la Terre nous aident à comprendre la mécanique qui nous rend impuissants, insensibles et indolents face à la destruction du monde. L’exemple des Amérindiens est d’autant plus paradigmatique qu’il est sans doute inaugural dans l’histoire du capitalisme moderne. Voici pourquoi Indien vaut mieux que deux « tu l’auras ».

Photographie: Les dents du canyon. Photo : ©M_Collette

Voyage aux racines du mal. Venus d’une Europe accablée par la peste et portée à incandescence par le fanatisme religieux et les velléités guerrières des nouveaux États-Nations, des aventuriers avides et des chrétiens fondamentalistes se lancent à l’assaut du Nouveau Monde. Nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle, qu’on appellera « moderne ». L’ère de la colonisation et de l’exploitation capitaliste.

Avec quatre siècles de recul, la destruction lente et systématique des sociétés amérindiennes, mais aussi leur résistance jamais éteinte, offre l’occasion de dégager une série d’opérations génériques par lesquelles des systèmes socio-écologiques sont capturés, exploités et épuisés. Ces opérations, à la fois mentales et physiques, éreintent les communautés entre les humains et leurs mondes, détruisant les liens de solidarité et de spiritualité qui unissent les vivants, les paysages, les esprits. Pour voyager à travers le temps et les plaines d’Amérique du Nord, nous prendrons pour guide James Wilson et son histoire de l’Amérique indienne[1].

Ce travail ne se veut pas seulement rétrospectif. Réduites à leur forme la plus rudimentaire, ces opérations forment en effet une typologie de base du « maraboutage » moderne capitaliste[2]. Elles révèlent le plan de construction d’une machine de broyage qu’il est aisé de voir à l’œuvre en tout lieu et en tout temps, et jusque sous nos yeux.

Les 5 mâchoires de la broyeuse capitaliste que nous voulons décrire ici. Nommons-les :

  1. La fausse réciprocité
  2. Le profit délocalisé
  3. La dépendance aliénante
  4. L’effondrement socio-éco-systémique
  5. Le récit progressiste

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