Schématiquement, on peut identifier deux grandes tendances dans le domaine de la conservation de la nature : naturalisme et humanisme. Au-delà de leurs oppositions apparentes, ces courants partagent un ancrage commun dans une modernité occidentale, qui sépare nature et culture, tout en assignant aux humains une place éminente (pour le meilleur ou pour le pire). Le temps est peut-être venu d’explorer une troisième voie…
Extraits :
« Pour résumer le courant naturaliste, on dira qu’il pense la nature sur le mode d’une séparation idéalisée. Ce qui est visé, c’est le retour de la « grande nature » : un paradis perdu. L’attitude déployée vis-à-vis de son objet est le respect (étymologiquement : un regard distancié sur la chose). La nature est cette entité indépendante et indifférente, considérée avec cette forme de révérence, si ce n’est de dévotion, qu’on réserve aux choses qui ont le parfum du sacré.
« Dans le courant humaniste, le mot qui résume notre rapport à la nature n’est plus « respect », mais « responsabilité » : nous avons le devoir de répondre à la détresse des autres espèces et d’organiser le cours rationnel et durable du monde. La place du sacré est cette fois occupée par l’humain : si nous avons le devoir de protéger la nature, c’est avant tout pour être digne de notre propre exceptionnalité humaine.
« Cette troisième voie permet de décaler notre regard en nous écartant un peu de ce déterminisme historique, pour ouvrir un riche chantier d’expérimentations et de négociations entre les multiples manières de vivre et d’exister, humaines ou non-humaines, culturelles ou naturelles, scientifiques ou traditionnelles.