La nature-parmi-nous

Une réflexion sur les ressources écosophiques de la communication environnementale et la convocation d’une « pensée-nature » inspirée par Héraclite. L’enjeu : reconquérir la sensibilité comme commun, condition préalable et priorité véritable pour une communication de combat.

« Quand j’entends les écologistes décrire le monde, je comprends que personne n’ait envie de le sauver ». Cette phrase, citée de mémoire, a été prononcée par Bruno Latour. Derrière la boutade : une interpellation qui fait vaciller nos certitudes. Ce vacillement est le début de cette réflexion.

Le constat est connu : nous autres, environnementalistes, communiquons bien trop avec notre tête, et pas assez avec nos émotions. Nous parlons aux instruits et aux convaincus, mais nous passons à côté des autres, ceux qui « ne savent pas » ou « ne comprennent pas ». Ce constat, qu’il ne s’agit pas ici de contester, peut d’ailleurs s’appuyer sur les découvertes du cognitivisme linguistique. Résultat : nous nous parlons surtout à nous-mêmes. Nous communiquons entre nous.

C’est pourquoi il est urgent d’interroger les ressources, explicites ou implicites, que nous mobilisons pour penser notre communication. S’appuyer sur une psychologie scientifique ou une théorie neurologique des « biais cognitif » ne peut plus suffire. La raison en est simple : ce type d’approche ne fait que redoubler et renforcer le gouffre que nous devons combler. Entre nous et les autres. Entre ceux qui savent et ceux qui ignorent.

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Photo: Emergence hors cadre ©M_Collette sur Ilford Pan 400
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Auteur : symbiosphere

Biologiste et historien de la philosophie belge d’ascendance celte. Né en même temps que la crise pétrolière. Se revendique du courant alterdarwiniste et de la théologie des puissances intermédiaires confuses. Herboriste néopaïen, confesse une croyance à faible intensité en un Dieu unique et croit encore moins en l’Homme, mais bien à la multitudes des interactions et des esprits qui criculent entre la croûte terrestre et la voûte céleste, ainsi qu’aux chants et prières qui les flattent ou les agacent. Libéral pour les pauvres et socialiste pour les riches, juste pour rééquilibrer. Lance en 2016 une réflexion symbiopolitique en vue de renouer des alliances entre les populations humaines, végétales, animales et microbiennes contre la menace des biorobots et l’impérialisme technoreligieux de l’Occident capitaliste. M.L. : « Tout ce qui précède est vrai sauf ma nationalité, car la Belgique n’existe plus assez pour me nationaliser. »

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