L’expression « changement climatique » ne s’est pas imposée par hasard. Elle permet de prolonger et amplifier une confusion qui rapporte. Et d’occulter la véritable crise, celle de la biosphère et de ses interdépendances constitutives. Elle participe à l’instauration d’une nouvelle normalité : le changement comme condition fondamentale de l’existence et comme outil de domination.
Il suffit d’ajouter un signe d’équivalence entre les deux mots de l’expression « climate change » pour s’apercevoir que celle-ci ne fait qu’énoncer une évidence des plus triviales : le climat est une variation continue, régulière ou capricieuse, du contexte atmosphérique. Le mot « climat » lui-même provient du grec klino qui indique un virage, une courbe, ascendante ou descendante. Bref, le changement en acte. C’est la première chose à noter, et elle est importante : le climat est le changement, si bien que le « changement climatique » énonce une simple évidence admise implicitement par tous. Rien de nouveau sous le soleil (ou la pluie), donc.
Les conservateurs du Capital ont bien saisi le potentiel de cette érosion interne du concept de changement climatique, eux qui furent parmi les premiers à s’inquiéter de l’effet négatif d’un réchauffement de plus en plus visible sur l’économie américaine. En 2003, Frank Luntz, consultant en communication au service des Républicains, alors sous l’administration Bush, les convainquit d’adopter l’expression « climate change », plutôt que « global warning », qui avait cours à ce moment, car, expliquait-il, « « changement climatique » suggère un défi plus contrôlable et moins émotionnel ».
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Auteur : symbiosphere
Biologiste et historien de la philosophie belge d’ascendance celte. Né en même temps que la crise pétrolière. Se revendique du courant alterdarwiniste et de la théologie des puissances intermédiaires confuses. Herboriste néopaïen, confesse une croyance à faible intensité en un Dieu unique et croit encore moins en l’Homme, mais bien à la multitudes des interactions et des esprits qui criculent entre la croûte terrestre et la voûte céleste, ainsi qu’aux chants et prières qui les flattent ou les agacent. Libéral pour les pauvres et socialiste pour les riches, juste pour rééquilibrer. Lance en 2016 une réflexion symbiopolitique en vue de renouer des alliances entre les populations humaines, végétales, animales et microbiennes contre la menace des biorobots et l’impérialisme technoreligieux de l’Occident capitaliste.
M.L. : « Tout ce qui précède est vrai sauf ma nationalité, car la Belgique n’existe plus assez pour me nationaliser. »
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