Au moment où on reparle d’effondrement, nous tentons de faire le point sur la manière dont le « géocène » affecte la représentation de l’histoire, faisant émerger un retour du refoulé indigène. Pour prêter l’oreille à la possibilité d’une nouvelle polyphonie terrienne.
Photo : Camping Chaos ©Martin_Collette
Pourquoi parler de l’âge de la Terre, du « géocène » ? D’abord parce que ce choix nous évite un malaise, celui que nous infligerait le fait de nous ranger sous la bannière de l’anthropocène et de son narcissisme contrit. Ensuite, et surtout, parce que la notion d’un âge de la Terre prend acte du fait contemporain majeur : désormais, nous sommes « Face à Gaia », pour reprendre le titre d’un livre de Bruno Latour. C’est la Terre elle-même qui répond à nos pires excès et nous inspire nos plus grandes angoisses, qui impose son tempo, bien trop lent pour nos frénésies économiques, qui met un terme brutal à nos rêves de grandeur et de progrès. Le désastre où nous avançons n’est pas une énième réalisation de l’Homo faber (anthropocène) ni l’accomplissement sinistre de sa domination (capitalocène). Mais la réaction exaspérée de tout ce qui nous avait semblé négligeable, malléable, mobilisable. L’âge où la Terre a cessé d’être indifférente à notre indifférence.
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Auteur : symbiosphere
Biologiste et historien de la philosophie belge d’ascendance celte. Né en même temps que la crise pétrolière. Se revendique du courant alterdarwiniste et de la théologie des puissances intermédiaires confuses. Herboriste néopaïen, confesse une croyance à faible intensité en un Dieu unique et croit encore moins en l’Homme, mais bien à la multitudes des interactions et des esprits qui criculent entre la croûte terrestre et la voûte céleste, ainsi qu’aux chants et prières qui les flattent ou les agacent. Libéral pour les pauvres et socialiste pour les riches, juste pour rééquilibrer. Lance en 2016 une réflexion symbiopolitique en vue de renouer des alliances entre les populations humaines, végétales, animales et microbiennes contre la menace des biorobots et l’impérialisme technoreligieux de l’Occident capitaliste.
M.L. : « Tout ce qui précède est vrai sauf ma nationalité, car la Belgique n’existe plus assez pour me nationaliser. »
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