« Anthropocena »: the last supper?

What if the Anthropocene was not a new geological era (gr.: kainos) but a trophic state of the biosphere : man’s main meal (lat. cena)? A state which, needless to say, is catastrophically unstable, and appears to be the dark epilogue of a purely Western anthropization process.

PHOTOGRAPHY: After dinner ©M_Collette on Agfa XRG200

We consume the Earth. Literally. Maybe that’s what this age is all about. And in fact, this is the most acceptable meaning of the word “Anthropocene”: the meal (cena) of humans (anthropoi), or at least some of them… The least acceptable meaning is indeed the prevailing one, which makes mankind – A.K.A. Sapiens – the cause of the current climatic and ecological upheavals, forgetting that the vast majority of human beings, especially indigenous peoples (but also to a large extent women), have never played more than a minor, and despised, role in this great story of man’s domination of nature.

And what is being devoured (or consumed) is the very world that supports and welcomes life. In other words, our own reservoir of possibilities for (well)being. But there’s not much new here. The contemporary era of ecological awareness is an epilogue to the great anthropocentric project, which is Western in origin and essence. In the end, the Earth breaks up into particles and whispers from its deep entrails: “This is my body. Take. Eat. And drop dead…”

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Nouvelles figures du changement

L’expression « changement climatique » ne s’est pas imposée par hasard. Elle permet de prolonger et amplifier une confusion qui rapporte. Et d’occulter la véritable crise, celle de la biosphère et de ses interdépendances constitutives. Elle participe à l’instauration d’une nouvelle normalité : le changement comme condition fondamentale de l’existence et comme outil de domination.

Il suffit d’ajouter un signe d’équivalence entre les deux mots de l’expression « climate change » pour s’apercevoir que celle-ci ne fait qu’énoncer une évidence des plus triviales : le climat est une variation continue, régulière ou capricieuse, du contexte atmosphérique. Le mot « climat » lui-même provient du grec klino qui indique un virage, une courbe, ascendante ou descendante. Bref, le changement en acte. C’est la première chose à noter, et elle est importante : le climat est le changement, si bien que le « changement climatique » énonce une simple évidence admise implicitement par tous. Rien de nouveau sous le soleil (ou la pluie), donc.

Les conservateurs du Capital ont bien saisi le potentiel de cette érosion interne du concept de changement climatique, eux qui furent parmi les premiers à s’inquiéter de l’effet négatif d’un réchauffement de plus en plus visible sur l’économie américaine. En 2003, Frank Luntz, consultant en communication au service des Républicains, alors sous l’administration Bush, les convainquit d’adopter l’expression « climate change », plutôt que « global warning », qui avait cours à ce moment, car, expliquait-il, « « changement climatique » suggère un défi plus contrôlable et moins émotionnel ».

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« Le carbone, c’est mal »

Dans l’émission Déclic du 30 juin dernier, une capsule était consacrée à la construction d’une méga-centrale de captage du carbone atmosphérique. L’exercice était périlleux et, comme c’était à craindre, il s’est enlisé dans l’approximation et la confusion, contribuant au mythe techno-solutionniste que s’efforcent de nous vanter les chantres de l’économie de marché (« continuez à consommer, on s’occupe du reste »), mais qu’un média de service public devrait contribuer à questionner plutôt qu’à entretenir.

Tout doit partir – Photo : M_Collette©

la lutte climatique contre la biodiversité

Dès les premiers mots de la journaliste, on comprend que les choses sont sur la mauvaise voie. Elle nous propose charitablement de nous rappeler les fondamentaux du problème. Elle nous dit (je cite de mémoire) : « Lorsqu’on brûle des combustibles fossiles, on libère dans l’atmosphère du CO2, le carbone (SIC) ». Ensuite elle nous explique – très justement – que ce carbone atmosphérique emprisonne la chaleur et provoque ainsi l’effet de serre.

Le péché fondamental, d’où découle la suite, se trouve niché dans l’incise discrète par laquelle la journaliste induit l’équivalence fatale : « CO2 = carbone ». Un auditeur peu averti en déduira que « le carbone, c’est mal », et que par conséquent, il suffirait de le « retirer » de l’atmosphère pour résoudre le problème climatique… C’est ici que s’enracine le merveilleux récit à propos d’usines magiques (on ne sait pas comment ça marche), qui vont sauver la planète et rapporter gros (la suite du billet, en très résumé)…

Lire la suite (sur le cycle complet du carbone et l’importance des journalistes)

Hobbes, Harari et le loup

TENTATIVE de constructivisme symbiologique

« L’homme est un loup pour l’homme » : phrase fondatrice de la modernité, mais hantée par un oubli ancien, qui nie la longue relation transformatrice entre humains et canidés. C’est pourtant sur ce déni que repose l’anthropologie brutale et égoïste d’une civilisation prédatrice.

La villa aux fauves (n°2) – ©M_Collette

Homo homini lupus est. Avec Hobbes, l’expression prend un tour nouveau, lourd de présupposé sur les hommes, mais aussi sur les loups. Et sur la relation entre ces deux espèces. Ou plutôt leur non-relation, puisqu’il semble que loups et hommes n’ont d’autres liens que cette équivalence métaphorique qui fait de l’humain un prédateur pour lui-même. C’est là le point de départ de cette réflexion : la pensée qui fait de l’homme (et la femme ?) un loup pour ses semblables ne semble pouvoir se cristalliser que lorsque la machine-État a déjà coupé le lien de l’humain à l’humique, de sorte que le premier se perçoit lui-même comme seulement humain et conçoit le loup comme seulement sauvage, oubliant leur fond terrestre commun et leur longue histoire symbiotique. Ce n’est sans doute pas un hasard si cette fiction a servi à fonder un contractualisme moderne imprégné du dualisme radical entre culture et nature. Lire la suite…