À Symbiosphère, cela fait longtemps qu’on se méfie de l’anthropocène (lire ici et encore ici). Mais une fois encore, c’est Isabelle Stengers qui, en Artémis philosophe, décoche la flèche la plus acérée contre cette extravagante présomption à être l’alpha et l’oméga du destin mondial. Dans une interview, elle rappelle que la trace géologique que laissera notre époque d’anthropisation intensive ressemblera probablement à cette couche minuscule d’iridium qui témoigne de l’impact de la météorite qui eut raison des dinosaures il y a 66 millions d’années, et indique la césure entre le Crétacé et le Tertiaire. Tout comme la météorite qui mit fin au Crétacé, notre catastrophe à nous délivrera ses effets sur quelques siècles, voire quelques millénaires, avant de faire place à autre chose. Avec ou sans nous.
Au mieux, donc, l’anthropos est un désastre épisodique, qui marquera d’une césure insignifiante la transition entre deux âges de la Terre…