Deanthropising, rehumanising

A manifesto for the symbiosphere.

A MANIFESTO FOR THE SYMBIOSPHERE. Lire en français

Separating humans from nature makes no sense. Human beings are natural beings. And nature is as much human as it is feline and vegetable, foraging and burrowing, social and individual.

It is not humans who destroy nature. It is their separation that destroys both. This separation is at the root of an antique movement of anthropisation, which is another name for the destruction of our shared living worlds. A destruction of nature, and therefore also of our human nature.

What really needs to be separated is humanisation and anthropisation…

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Deux ans dans la symbiosphère en 20 photos

Au fil des années, le blog Symbiosphère s’est fait l’entrelacs de deux voyages. D’une part, la dérive inquiète de nos pensées dans un monde où tout est désormais uni par le lien tragique de nos destructions. D’autre part, une itinérance photographique dans les zones d’indécision de la ville et de ses confins.

Toutes les photos : ©M_Collette on film

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L’anthropocène est la marque d’une rupture dans nos symbioses

En admettant que l’Anthropocène mérite son titre d’ère géologique, on s’accorde mal sur sa date de naissance. Est-il apparu avec Dieu, le Patriarcat, l’État, le Capital, les énergies fossiles ? Une réponse plus souple et plus fine, suggérée par Anna Tsing, nous immerge dans les modalités de constitution du « nous » vivant.

[COURT-LETTRAGE / max. 3 minutes de lecture]

Dans Proliférations1, qui dresse l’anthropologie nécessaire des espèces invasives, Anna L. Tsing offre une hypothèse précieuse sur la rupture entre l’Holocène (période qui succède aux dernières glaciations il y a 12.000 ans) et l’Anthropocène, qui semble coïncider avec l’avènement de notre modernité, la première originalité de Tsing étant qu’elle n’assigne pas une date précise à cette rupture.

Pas de date, donc, mais un contraste ancien et insistant, que Tsing définit comme suit…

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COP29 : changement d’ambiance sur la planète ?

Un regard lexical de biais sur les négociations qui viennent de se terminer à la COP29 nous incite à l’optimisme. Optimisme modéré et ironique, puisqu’il s’inscrit dans un horizon de profonde désespérance. Notre problème s’aggrave dramatiquement. Mais ses coordonnées changent. La tonalité vire. Cela ouvre-t-il des perspectives nouvelles ?

Publié dans La Libre du 26 novembre 2024

Une fois encore, la montagne accouche d’une souris… Les prochaines années seront marquées par le comptage des catastrophes, des destructions, des victimes regrettées et des déportations subies ou dénoncées, des extinctions d’espèces et des conflits de ressources, plutôt que par le décompte des victoires diplomatiques et des grandes avancées collectives sur le chemin d’un monde stable, pacifié et partagé.

Pourtant, il serait erroné de penser que « rien ne se passe ». La manière dont se présente le débat et les termes dans lesquels il s’est posé à la COP29, autour de la question des compensations, indiquent à eux seuls un possible changement de paradigme. La communauté internationale est dans un autobus qui s’engage dans un virage : nous ne voyons pas encore la sortie, mais nous sentons déjà la force centrifuge qui décale notre perspective, déplace notre horizon.

Penser les invasives avec Anna Tsing

LECTURE. Les espèces invasives ne sont ni une « mauvaise nature » ni le « sauvage retrouvé ». Elles sont les espèces compagnes déchaînées de ceux qui ont oublié que le monde est un compagnonnage entre espèces. La première, Tsing a perçu que les invasives sont un objet anthropologique autant que biologique.

Penser les espèces « invasives » est un vrai défi. Mauvaises ? Sauvages ? Naturelles ? Rebelles ? Rien de tout cela, selon Anna Tsing, qui s’affirme plus que jamais comme notre sherpa dans un monde en ruine globale. Tsing, a qui l’on doit l’anthropologie monumentale d’une mycose globale (Le champignon de la fin du monde), est l’une des premières à percevoir que les espèces invasives sont un objet anthropologique tout autant, sinon davantage, que biologique.

Dans Proliférations, elle montre combien notre mépris des liens et dépendances qui tissent le monde vivant a fini par produire des êtres paradoxaux, issus des milieux non colonisés, mais liés à nos destructions et dépendants de nos colonisations.

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ANNA L. TSING. Proliférations. Wildproject, 2022.

Symbiosphere dans La Libre

Trump a su capter l’état d’esprit des classes populaires. Dans un monde violent, en virtuelle décroissance, il leur offre de rallier le camp des forts.

Extrait : « Ce dont manque le peuple, c’est moins d’éducation que d’imagination. Et l’imagination croît sur le terreau des possibles. Offrir de nouveaux possibles, c’est la tâche de la gauche et de l’écologie politique. »

À lire dans La Libre : Trump, pour se ranger derrière le plus fort

Sur ce blog, avec un titre différent : Trump, premier Potus d’un monde post-croissance

Lynn Margulis ou la révolution symbiologique

Par son attention hétérodoxe aux petits objets vivants, la microbiologiste Lynn Margulis a littéralement pulvérisé le paysage sous contrôle de la biologie moderne. Retour sur une révolution scientifique, philosophique… et féministe.

Dans l’imaginaire scientifique moderne, le monde vivant est déterminé par les catégories du gène, de l’espèce et de l’individu. Ces catégories rassurent car elles correspondent à des perceptions macroscopiques : les gènes sont associés à des caractères (grand, yeux bleu, QI faible… vous l’avez ?), les espèces à des idéaux types (chien, cheval, mouche) et les individus à des identités incarnées (moi, le Christ, mon chien Lulu). Cet essentialisme « géniste », spéciste et individualiste perpétue des traditions philosophiques ancrées dans le platonisme et le christianisme. Il s’accorde avec notre besoin de fixité et de contrôle, en offrant une vision stable et « gouvernable » du réel. C’est le monde pratique et le monde de l’ingénieur.

Dans les années 1970, la microbiologiste Lynn Margulis a fait imploser ce monde d’objets observables et manipulables en avançant des hypothèses microbiologiques qui pour l’essentiel ont été confirmées depuis lors. Pour l’exprimer en termes simples et généralistes, ces hypothèses indiquent que tout ce que nous connaissons de grand et de complexe dans le monde vivant est le résultat d’associations symbiotiques entre de minuscules entités, principalement des bactéries ou « procaryotes » (c’est-à-dire des petites cellules sans noyaux). On mesure encore mal aujourd’hui l’ampleur de cette révolution et ses implications pour notre vision du monde et du vivant.

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Comment est né « Symbiosphère »

Récemment, un spécialiste bien intentionné a posté sur un réseau la photo d’une belle forêt naturelle mélangée, prise du ciel à l’aide d’un drone. Il l’a accompagnée du commentaire : « Pour moi, une forêt, c’est ça… ». En lisant cette évocation de l’origine de notre blog, vous comprendrez pourquoi, dans la symbiosphère, une forêt ne peut pas être « ça ».

Un souvenir de Max Lower. Octobre 2024.

« En abordant mon master en Biologie et Écologie, il y a une dizaine d’années, j’ai réalisé que les sciences de la vie ne répondraient jamais à ma quête, qui était une quête de réparation et une rébellion, animées par le sentiment du lien perdu avec le monde vivant, que nous détruisons chaque jour un peu plus, jusqu’à poser nos orteils au bord d’un gouffre dont on n’imagine à peine la profondeur remplie de ténèbres…

« À cette époque, j’ai aussi pris conscience que la nature n’était pas une, mais deux choses bien différentes…

« D’une part, elle est la somme des entités et des lois qui rendent compte de l’évolution et du fonctionnement des systèmes vivants, depuis la cellule jusqu’aux océans. Cette somme est totalisable et appréhendable dans des procédures théoriques, mathématiques et statistiques.

« Mais d’autre part, la nature est aussi une profusion de liens multipolaires, nécessaires et englobants, dont on ne peut s’extraire sans dommage…

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Pour une éco-sémiotique des mondes vivants

L’écologie est par définition une discipline qui franchit les frontières des espèces. Y compris la nôtre. Pour la définir, on adopte ici le cadre de la sémiotique de Peirce. L’écologie est alors un ensemble de savoirs et de pratiques impliquées qui étudient, traitent et échangent les signaux vivants.

L’affirmation fondamentale du pragmatisme de Charles Sanders Peirce tient en trois syllabes : tout est signe. C’est cet axiome – de l’eau pure ontologique – qu’il s’agit de pousser dans ses conséquences pour envisager une science et une éthique des liens vivants dans un univers pluraliste.

L’idée est simple. Il s’agit de considérer que ce qu’on appelle « écosystème » est d’abord et avant tout une toile sémiotique, un réseau de liens et de plis entre des émetteurs-récepteurs qui « parlent » des langages différents et fonctionnent selon des régimes sémiotiques distincts. Pour aller au bout de la logique de Charles Sanders Peirce, il faut ajouter que ces émetteurs-récepteurs sont eux-mêmes des signes (le tac-tac du pic qui attaque le bois du chêne) perçus par les autres, que ceux-ci soient des semblables, des alliés ou des ennemis. Le tissu vivant qui constitue un écosystème est alors la somme non totalisable d’une pluralité de mondes perçus…

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Les 3 « ismes » qui nous entraînent vers l’abîme

Trois courants, profondément ancrés dans la mécanique de nos sociétés contemporaines, se conjuguent pour nous entraîner dans une course infernale à bord d’une embarcation dont nous ne parvenons plus à reprendre le contrôle. Petit tour de ces 3 « ismes » redoutables, et propositions de trois autres « ismes », qui pourraient changer notre trajectoire.

Trois est un chiffre magique. J’y crois vraiment. Au moins, admettez que c’est un principe d’économie qui a ses avantages mnémotechniques. Tentons de l’appliquer à la longue histoire de l’Occident, pour en extraire les lames de fonds qui se mêlent pour nous entraîner dans un destin funeste.

1. COLONIALISME

C’est la maladie primaire. Le ver dans le fruit du premier verger. Ou plutôt : la rouille qui gâte le blé de la domination. Le colonialisme est bien plus profond qu’on le pense. Bien plus ancien que la colonisation. Non pas une excroissance impériale de l’État. Mais une tendance impérieuse de l’État…

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