Repenser notre désir de nature

Petit manifesto pour une écologie à venir.

[COURT LETTRAGE] Commençons par une non-définition… Posons que la nature (parce qu’on souhaite que ce mot ait encore un sens), c’est partout où la vie échappe à notre contrôle et tout ce qui y échappe.

C’est donc aussi la promesse d’autres mondes possibles. Car il faut changer notre conception du monde. Ou plutôt y renoncer… : nous ne sommes plus face au monde ; le monde est ce qui survit en s’échappant de ce face-à-face destructeur. Le vivant devient interstitiel et pluriel. C’est la leçon des nouvelles éco-anthropologies et de leurs zones d’indécision, entre culture et nature.

Nous ne pouvons plus nous contenter de cette vision simpliste qui oppose la « vraie » nature à un espace domestique sous contrôle…

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Le pouvoir des idées

Petite philosophie de la création sociale. Nous décrivons ici trois formes sociales de la puissance : statuts, fortunes et idées. Des outils pour créer du collectif et allumer le changement ?

Tout part du concept de puissance. Celle de Spinoza, qui n’a d’autre objet que de s’éprouver elle-même en actualisant l’être, en se signalant par une libération de joie (il faut imaginer la joie lente et placide des montagnes en formation !). Celle de Nietszche aussi, « volonté de puissance » ou « volonté de volonté » : la vie se poursuivant elle-même dans une danse créatrice, en perpétuel déséquilibre, inventant ses mouvements au rythme des facéties du destin.

Telles sont les images – philosophiques et existentielles – d’une puissance originaire, qui surgit dans l’innocence et se consume dans la jouissance, indifférente aux souffrances qu’elle ne pourra éviter d’infliger : à ce qui lui fait obstacle, comme à celles et ceux qui en font l’épreuve et chevauchent sa tempête.

En termes ontologiques, la puissance s’éprouve dans son actualisation, c’est-à-dire dans le passage à l’acte de l’être, déroulant derrière lui le cortège passé des possibles réalisés (la « réalité »). Autour de ces foyers d’émergence, on voit alors s’agiter les contours fragiles et mouvants des différentes formes de la vie : espèces, individus, sociétés. En termes théologiques, le monde est Création immanente. Spinoza encore : « Dieu, c’est-à-dire la nature ».

Pour être moins aride et métaphysique, rappelons simplement que « puissance » signifie « pouvoir être ». Ou : « être déjà » sans déjà « avoir été »…

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