(Article publié dans La Libre du 12 décembre 2024)
Ne soyons pas naïfs. Les loups posent de véritables défis. D’abord et avant tout à des secteurs déjà minorisés et précarisés : le petit élevage, peu industrialisé et économiquement fragile. Il ne s’agit donc pas simplement de hurler contre le déclassement du statut de protection du loup. Ce déclassement n’est pas seulement la « faute » de lobbies sans scrupules et de politiques sans courage. C’est une défaite générale de notre capacité à imaginer et organiser un monde dans lequel activités humaines et vie sauvage se croisent et se mêlent sans se détruire. C’est cette incapacité qu’il faut questionner.
Qui est un loup pour qui ?
Ironie de l’histoire, la triste sentence du philosophe Thomas Hobbes – L’homme est un loup pour l’homme – n’a jamais été d’une actualité aussi forte que dans cette société brutalement libérale et conflictuelle. Placée à la base de notre pensée politique moderne, cette maxime est pourtant profondément erronée, quand on la saisit dans le contexte plus général du lien qui nous unit aux autres espèces.