Tous prolétaires ! Vers la prolétarisation du vivant.

La notion de prolétariat est née à Rome et signifie « pour la croissance » (pro oles). Dans les empires, il s’agissait de faire croître la masse des sujets corvéables et imposables. Aujourd’hui, ce sont les profits privés qu’il faut faire grandir. Ce mouvement semble entrer dans une nouvelle phase : la prolétarisation de la nature.

Dernier parking. Photo : ©M_Collette

Récemment, le président français a lancé un nouveau slogan polémique : « réarmer la natalité ». Avec la brutalité calculée dont il est coutumier, il remet ainsi en lumière la fonction du peuple : il s’agit avant tout de « faire nombre », dans l’intérêt de l’État et des classes dominantes, de leur sécurité ou leur prospérité. C’est ce que nous raconte l’origine du mot prolétariat, pour désigner ceux qui n’ont d’autres ressources à offrir que leur reproductibilité.

Au-delà de l’étymologie, c’est le destin contemporain du mouvement de prolétarisation qui nous occupe ici. Dans la langue de Marx, prolétariser ne signifie pas seulement exploiter une classe laborieuse. C’est aussi priver les êtres de leur puissance, en les coupant de leur monde et en les spoliant de leur potentiel, pour les soumettre à un système de production dans lequel ils deviennent de purs opérateurs de l’accroissement du capital.

Un destin qui ne concerne désormais plus seulement les humains des classes laborieuses, mais l’ensemble du vivant…

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« Anthropocena »: the last supper?

What if the Anthropocene was not a new geological era (gr.: kainos) but a trophic state of the biosphere : man’s main meal (lat. cena)? A state which, needless to say, is catastrophically unstable, and appears to be the dark epilogue of a purely Western anthropization process.

We consume the Earth. Literally. Maybe that’s what this age is all about. And in fact, this is the most acceptable meaning of the word “Anthropocene”: the meal (cena) of humans (anthropoi), or at least some of them… The least acceptable meaning is indeed the prevailing one, which makes mankind – A.K.A. Sapiens – the cause of the current climatic and ecological upheavals, forgetting that the vast majority of human beings, especially indigenous peoples (but also to a large extent women), have never played more than a minor, and despised, role in this great story of man’s domination of nature.

And what is being devoured (or consumed) is the very world that supports and welcomes life. In other words, our own reservoir of possibilities for (well)being. But there’s not much new here. The contemporary era of ecological awareness is an epilogue to the great anthropocentric project, which is Western in origin and essence. In the end, the Earth breaks up into particles and whispers from its deep entrails: “This is my body. Take. Eat. And drop dead…”

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PHOTOGRAPHY: After dinner ©M_Collette on Agfa XRG200