Tenue de soirée : humiliations en cascade

(Re)voir « Tenue de soirée » en 2023 est une expérience troublante. Qui interroge sur la manière dont on aborde la place du genre et du désir dans le corps social. Cascade d’humiliations jouissives, quête de liberté sans issue, où jamais ne s’impose la question piégeuse de ce qui est subi ou choisi, le film est à la fois impossible à regarder aujourd’hui, et plus que jamais nécessaire.

Afficher la douleur . Photo : ©M_Collette on Fuji C200.

HORS PISTE – FICHE CINÉMA

En première analyse, « Tenue de soirée » semble une formidable entreprise de déconstruction de la société bourgeoise et de ses « role models ». Mari, épouse, riche, pauvre, honnêtes gens et malfrats y voient leurs contours s’évanouir et leurs places échangées, dans un tourbillon qui ne cesse de s’accélérer et emporte tout sur son passage.

Pourtant, on devine dès les premières minutes que le film a dû traverser un long purgatoire au cours des dernières années. C’est que les femmes en prennent plein la gueule. Littéralement. Et ce, dès la scène initiale, dont le comique réside dans une gigantesque baffe appliquée par Bob (Depardieu) à Monique (Miou-Miou). En rire nous emplit de culpabilité, aujourd’hui plus que jamais. C’est pourtant là que réside l’essentiel : tout le monde en prend plein la gueule. Et plein le cul. Dans une scène inattendue, Monique pique une colère contre Antoine (Michel Blanc), estimant qu’il pourrait bien consentir un petit effort (comprenez : accepter de se faire sodomiser par Bob). Après tout, elle-même ne cesse de subir ce sort humiliant. « Oui, mais pour les femmes, ce n’est pas pareil », tente Antoine. L’argument est balayé. Tous et toutes baisé-es.

S’en prendre plein la gueule, c’est précisément jouer le « rôle féminin ». Dans la fiction comme dans la vie. C’est ce que montre le film sous toutes les coutures et tous les angles. Comme un porno des âmes…

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Petit manuel d’éco-résistance

Symbiosphere a un faible pour les activistes et toutes celles et tous ceux qui refusent d’avancer en laissant les mondes vivants derrière eux. Nous leur avons rendu hommage dans plusieurs articles, à lire si vous les avez manqué (et si vous voulez). Pour tous ceux qui veulent empêcher le capitalisme de quitter la Terre en éteignant la lumière.

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Les guerriers de l’estuaire. Photo: M_Collette©

Le sacré massacré (2022)

En souillant des œuvres d’art, les activistes du climat dépassent-ils les limites du tolérable ? Ou bien nous posent-ils la question de ce que nous tolérons en laissant nos économies souiller le monde et dépasser les limites du vivant ? Et si, finalement, leur geste s’inscrivait dans la tradition de l’art contemporain ?

Les signes dans les méga-bassines (2022)

La sémiotique de Charles Sanders Peirce mobilisée pour tenter de débrouiller la situation conflictuelle et confuse qui entoure la contestation par des militants écologistes de la construction de méga-bassines dans les Deux-Sèvres.

Ecouter Antigone Thunberg (2021)

Certains textes font entendre une musique intemporelle, qui résonne étrangement avec l’actualité. Dans l’Antigone de Sophocle, la cité traverse une crise existentielle et un sombre présage plane sur son destin. Une jeune fille sort alors de la foule anonyme pour s’opposer à un roi qui mène la cité à sa perte. Toute ressemblance…

Amis, Ennemis : le Comité invisible en 10 citations (2018)

Ici, on cite et décortique Dix Commandements de la Révolte de la prose incandescente du Comité invisible. Pour ceux qui veulent en découdre ou qui aiment la littérature.

Les machines guattariennes : résister à l’ère de l’entropocène (2019)

Présentation de Félix Guattari, fondateur de l’écosophie anticapitaliste. Une ressource philosophique précieuse pour résister là où la menace rôde perpétuellement : à l’intérieur de notre pensée.

Descartes dans la forêt (2022)

Et pour terminer, un article qui rend hommage à celles et ceux qui doivent nous inspirer parce qu’ils s’opposent à la disparition de leur monde vivant, au risque de mourir avec lui. Ou comment des peuples traditionnels nous invitent à transformer l’éthique et la métaphysique…