« Le carbone, c’est mal »

Dans l’émission Déclic du 30 juin dernier, une capsule était consacrée à la construction d’une méga-centrale de captage du carbone atmosphérique. L’exercice était périlleux et, comme c’était à craindre, il s’est enlisé dans l’approximation et la confusion, contribuant au mythe techno-solutionniste que s’efforcent de nous vanter les chantres de l’économie de marché (« continuez à consommer, on s’occupe du reste »), mais qu’un média de service public devrait contribuer à questionner plutôt qu’à entretenir.

Tout doit partir – Photo : M_Collette©

la lutte climatique contre la biodiversité

Dès les premiers mots de la journaliste, on comprend que les choses sont sur la mauvaise voie. Elle nous propose charitablement de nous rappeler les fondamentaux du problème. Elle nous dit (je cite de mémoire) : « Lorsqu’on brûle des combustibles fossiles, on libère dans l’atmosphère du CO2, le carbone (SIC) ». Ensuite elle nous explique – très justement – que ce carbone atmosphérique emprisonne la chaleur et provoque ainsi l’effet de serre.

Le péché fondamental, d’où découle la suite, se trouve niché dans l’incise discrète par laquelle la journaliste induit l’équivalence fatale : « CO2 = carbone ». Un auditeur peu averti en déduira que « le carbone, c’est mal », et que par conséquent, il suffirait de le « retirer » de l’atmosphère pour résoudre le problème climatique… C’est ici que s’enracine le merveilleux récit à propos d’usines magiques (on ne sait pas comment ça marche), qui vont sauver la planète et rapporter gros (la suite du billet, en très résumé)…

Lire la suite (sur le cycle complet du carbone et l’importance des journalistes)

Descartes dans la forêt

La pensée animiste offre une alternative radicale à l’ontologie de domination et ses destructions écologiques. Monothéisme scientifique et exceptionnalisme humain nous empêchent de prendre cette pensée au sérieux. C’est pourquoi on l’aborde ici sous un angle éthique. Ou quand les chasseurs d’Amazonie nous font revisiter notre tradition métaphysique.

POUR UNE ÉTHIQUE ANIMISTE

La disparition d’un esprit jaguar. Photo: M_Collette©

Sur ce blog, on a plusieurs fois invoqué le potentiel de la pensée animiste en tant que ressource pour la lutte écologiste (lire p.ex. Bolsonaro et l’insensibilité au monde). Comment ne pas désirer s’inspirer de celles et ceux qui vivent dans l’intimité des autres vivants, jusqu’à accepter de disparaître avec leur forêt, car elles et ils affirment cette inséparabilité essentielle de leur identité avec les liens qui tissent leurs mondes vivants.

Mais il faut bien avouer que, même pour celui qui prend la plume dans l’intention de défendre les peuples d’Amazonie, il est difficile d’aborder leur vision du monde sans une distance teintée de curiosité ou d’exotisme poétique. La difficulté trouve sans doute son origine dans la longue tradition monothéiste et scientifique qui irrigue notre vision anthropocentrique de la nature et de l’histoire…

Lire la version raccourcie (pour ceux qui veulent suivre Descartes dans la forêt)

Lire la version intégrale (pour ceux qui veulent aussi entendre parler de Bergson, Leibniz, Sartre…)

Lire les signes dans les méga-bassines

La sémiotique de Peirce est ici mobilisée pour tenter de débrouiller de la confusion qui entoure la contestation par des militants écologistes de la construction de méga-bassines dans les Deux-Sèvres.

Les guerriers de l’estuaire. Photo: M_Collette©

Si les méga-bassines ne sont pas le problème, elles sont bien l’indice d’un système agro-industriel qui n’a d’autre recours que la fuite en avant. Elles sont aussi le symbole d’une inertie politique face au désastre écologique. Et les affrontements sur le site de Sainte-Soline sont l’icône des violences écologiques et sociales qui s’annoncent partout autour de ressources raréfiées, devenues un Commun vital.

Ces retenues d’eau sont aussi l’occasion de sortir de la boîte à outils philosophique quelques concepts de la sémiotique de Charles Sanders Peirce…

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